Le jazz à ses risques et périls, avec ses numéros d’équilibriste et ses tours de magie, entre des étendue qui se sillonnent et des profondeurs qui s’explorent. Musique pour arpenteurs et pour spéléologues sans doute, musique de vulcanologues. Quentin Biardeau et Etienne Ziemniak d’un côté, Corey Wilkes et Justin Dillard de l’autre, ont fréquenté les meilleures écoles : celles qu’ils se sont données et où tout est permis. Ainsi que des collectifs d’artistes qui ont pris la relève de ce que l’on appelait « une scène » : le TriCollectif à Orléans ou le Capsule Collectif à Tours, l’AACM à Chicago. Ils peuvent être très respectueux (ils connaissent leur histoire, de Guillaume de Machaut à Ornette Coleman, et de la nu soul au Tsapiky malgache), ils peuvent être très irrévérencieux (ils s’interdisent de s’interdire). Ils prennent des malins plaisirs, en suivant des traînées de poudre. S’attendre à quelques flambées.
16 janvier, Le Vauban (Brest)
Après des heures et des éternités dans l’Autre Monde, dans le Finistère, sur les rivages abandonnés (les plages magnétiques) et dans les arrière-salles surpeuplées (les plages magnétiques aussi), Corey Wilkes, Justin Dillard, Quentin Biardeau et Etienne Ziemniak se lancent dans le vide, en plein dans le mille, dans le Tout-Monde. Ce sera électrique.
20 janvier, Le Taquin (Toulouse)
The Bridge 2.6 relance le fantôme dans la machine. Il y a des spectres avant qu’il y ait des squelettes, et des squelettes avant qu’il y ait des corps, de chair et d’os, de la jouissance. Il y a des voix et des poltergeists sous le pavé dans le jazz.
21 janvier, Théâtre Sainte-Marie-d’en-bas (Grenoble)
Le Centre International des Musiques Nomades ne croit pas si bien dire en accueillant les itinérances du dernier avatar on The Bridge. Entre les piliers roses ou rouges, après un long bain préparatoire d’acide sonore, des bénédictions sont dites, des malédictions sont lancées, délirantes et mystérieuses, mais surtout dans l’allégresse.
14 janvier & 15 janvier, du côté de Brest
Les membres de The Bridge #2.6 répondent aux questions et questionnent, questionnent surtout, les élèves du Collège Camille Vallaux au Relecq-Kerhuon, ou accueillent durant leurs séances de jeu et d’invention les étudiants de la Licence Art à l’Espace Léo Ferré à Bellevue.
18 janvier, CRR de Paris
Corey Wilkes donne une masterclass aux étudiantes et étudiants du Cycle spécialisé jazz et des Classes préparatoires à l’enseignement supérieur. Au programme : des histoires, des sessions, des histoires, des sessions, des histoires… ça édifie et ça rit de tout.
20 janvier, Le Taquin (suite)
Après être passé et avoir fait passer dans sa centrifugeuse, The Bridge 2.6 prête l’oreille aux cinq membres de Baraque à free : Sarah Brault à la voix et aux effets, Antoine Ferris à la basse électrique, Sylvain Rey au piano, Simon Riou au saxophone alto et Ludovic Schmidt aux trompettes. En deux temps mais surtout trois mouvements : leur étude (mais comme on dit en peinture) des silences et des bruits ; les ralliements de Quentin Biardeau et d’Etienne Ziemniak, les surgissements de Corey Wilkes et de Justin Dillard – ce dernier en fou du roi ; et l’ultime séquence de biseaux et de hachures.
22 janvier, Vitrolles
Dans le Moulin à Jazz, ils sont quatre Don Quichotte à parcourir pièces, plaines et montagnes à la recherche de portes magiques, vers d’autres mondes. Leurs clefs sont des instruments de musique; leurs instruments de musique lâchent des poltergeists.
23 Janvier, Monoblet
Sur les terrasses des Cévennes, The Bridge 2.6 passe de 4 à 8 avec Robin Fincker au saxophone ténor et à l’hospitalité, Benoît Pérez à la trompette mutine, Scott Walton à la contrebasse tout-terrain et Samuel Silvant à la batterie et à la fauverie. Et chemin faisant, d’un sous-ensemble à un autre, d’une apparition à une disparition, ils se trouvent un nom de groupe : Cancel Rescue Mission.
24 janvier, Lyon
Des ailes ajustables d’un Moulin aux lentilles et aux prismes d’un Périscope, Cancel Rescue Mission (dans le rouge) évolue au fil de l’air, évolue sous la surface de l’eau, prend corps, entend des voix, parle en langues. Agite et s’agite.
25 janvier, Luzillé
Sur la route, derrière le brouillard le plus épais, Cancel Rescue Mission découvre une autre porte magique, entre le poêle à bois et le baby-foot: la Cappozzone. Ce sera un simili Trumpet Summit, ce sera surtout une musique qui se mêle de tout et des arborescences de chacun. Tout qui se termine dans le recueillement au pied de la voix de Louis Armstrong.
27 janvier, Poitiers en son Confort Moderne
The Bridge 2.6 a perdu momentanément Quentin Biardeau et a momentanément trouvé Maxime Bobo. C’est à Jazz à Poitiers que se cultivent d’autres tourbillons, de rapides rotations d’air, tantôt ascendantes, tantôt descendantes. Rien ne peut empêcher les rencontres et les danses d’avoir lieu, sur la spirale.
26 janvier, Paris ou Poitiers
Que ce soit les étudiantes et les étudiants du Département Musique de l’UFR Arts, Philosophie, Esthétique de l’Université Paris 8 – Saint-Denis, ou celles et ceux de l’atelier de pratique artistique du Service culturel de l’Université de Poitiers… tout le monde s’apprête, se prépare, se figure et se reconfigure en recevant l’ordre de mission, Cancel Rescue Mission.
Germigny-l’Exempt, 29 janvier
Au Luisant, un par un, tous les ponts énergétiques sont franchis, onde de propagation après onde de propagation. Nous sommes bien chez les artificiers. La terre tremble, l’ancienne grange vacille sur ses fondations, les objets et les sujets sont flous, le sacré est dans la vie quotidienne.
Vendôme, 30 janvier
Au Minotaure, qui fait forcément des figures libres dans son labyrinthe, Cancel Rescue Mission (après les méandres d’Arthur Delaleu et Pierre Lambla) ne sort pas vraiment de ce dédale, de la toile d’araignée qu’ils ont eux-mêmes tissée. Le mystère restera presque entier.
31 janvier, Tours
Au Petit faucheux (lui-même un arachnide), Cancel Rescue Mission finit par s’échapper, comme le génie de sa lampe, par remuer ciel et terre à nouveau, méthodiquement, obstinément, d’un ressac à l’autre, en spirale. Et même Howlin’ Wolf est convoqué.
31 janvier, Tours. Au Petit faucheux aussi, aux élèves d’une classe de 6ème du Collège Corneille, les membres de Cancel Rescue Mission ont passé le relais.
Arcueil, 1er février
A l’Espace Jean Vilar, dans le cadre du festival Sons d’hiver, The Bridge 2.6 devenu Cancel Rescue Mission en cours de route, de mission, d’équipée, récupère in extremis le violoncelliste et trapéziste Valentin Ceccaldi.. A cinq, ils retournent au carrefour diabolique du blues, dans la poussière, dans les airs, et se passent le relais, le bâton de dynamite.
Presque un rébus. Le secret de Cancel Rescue Mission.
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