Morphose [TB#2.4] | Avril 2022, Chicago & Midwest

Ce projet cherche à former un groupe asymétrique, où l’apparent déséquilibre instrumental révélerait d’autres équilibres plus fragiles et aventureux. Ces cinq esprits libres, qui n’ont jamais joué ensemble auparavant, se sont rassemblés autour d’un impératif : une volonté immédiate d’explorer un territoire musical où tout est possible. L’un des poètes et plasticiens les plus renommés de Chicago, avec un violoniste et un guitariste en devenir. Et la nouvelle génération de musiciens français : un saxophoniste flamboyant, un bassiste atypique et irrévérencieux, un claviériste d’une pureté et d’une densité inouïes. C’est l’art de l’improvisation pris dans son sens le plus surprenant, l’invention de territoires fantastiques

ProMusica, 16 avril. Dans l’antre du dragon et ingénieur du son Ken Christianson, The Bridge #2.4 (de gauche à droite : Jozef Dumoulin, Morgane Carnet, Macie Stewart, Damon Locks et Fanny Lasfargues) fait ses grands débuts à l’ombre des ombres. Les sons sont souterrains ou aériens, comme les dragons.

Diasporal Rhythms, 17 avril. C’est peut-être dimanche, c’est peut-être Pâques, mais c’est surtout une séance d’hypnose collective que proposent Fanny Lasfargues, Coco Elysses et Ugochi Nwaogwugwu dans une autre caverne remplie de trésors.

Hungry Brain, 17 avril. Morgane Carnet et Jozef Dumoulin accueillent (ou sont accueillis par) Ben Lamar Gay, Keefe Jackson, Jason Roebke et Marcus Evans, pour un périple à six plein de prolongements et de soustractions.

Elastic, 18 avril. Jozef Dumoulin passe son temps avec Nick Mazzarella au saxophone alto, Anton Hatwich à la contrebasse et Jeremy Cunnigham à la batterie. Et d’ailleurs ils ont tout le temps dans le monde d’ailleurs, d’ailleurs ils réinventent le temps. Quelque chose de sublime est arrivé.

Alliance française, 19 avril. On sait à présent que The Bridge 2.4 circule à travers Chicago et les mondes parallèles dans le sous-marin du capitaine Nemo et qu’il leur arrive de pendre à bord d’autres capitaines pirates qui sont parfois faits chevaliers, tel Mike Reed ce soir-là.

Constellation, 20 avril. Dans la base navale qu’est ce haut lieu des musiques improvisées à Chicago, où la semaine dernière le pianiste Craig Taborn jetait des sorts, The Bridge 2.4 propose un concert autant qu’une cérémonie, propose d’envoûter et de désenvoûter, avec Jon Irabagon en invité spécial, nouveau coquillage dans l’arbre du groupe.

Connect Gallery, le 21 avril. The Bridge 2.4 affine ses tours de magie, aussi profonds que trafiqués, ses sortilèges qui prennent même possession du corps de Damon Locks et qui s’échappent par la porte grande ouverte sur la rue, dans les rues, dans les villes, sur les îles.

Logan Center for the Arts, 22 avril. C’est dans des sables mouvants qu’évolue The Bridge 2.4 (jusqu’à la provocation rythmique finale de Damon Locks parachevée par la satire mélodique de Jozef Dumoulin) : îles font semblant d’être étourdis et ailes nous étourdissent.   

American Indian Center, 23 avril. C’est toujours plus que de la musique, des chansons, des airs, des sons, des bruits, des improvisations… que l’on partage avec les Indiens des Plaines et de l’Univers. C’est un savoir-vivre par l’émotion, c’est l’idée qu’il n’y a rien de plus évident que de partager une expérience et une expérimentation, que cette dernière peut être fonctionnelle. Servir à la vie.

Corbett Vs. Dempsey, 23 avril. Un peu du 2.4 et un peu du 2.7. Macie Stewart commence seule, elle part seule devant, entre les ombres toujours, qui flottent comme des draps, qui la recouvrent, jusqu’à ce que sa voix perce et rejoigne une autre voix, celle d’Emilie Lesbros, et les châteaux de cartes de Tim Daisy, qui finit par compresser ses percussions entre son thorax et sa caisse claire.

Woodland Pattern Bookshop, 24 avril. A Milwaukee, The Bridge 2.4 is in the place, partout dans la pièce, devant, derrière, autour, telle une boule de feu d’abord, qui fait tilt, puis tel un esprit, plusieurs esprits même, sur les eaux. C’est assez cosmogonique, leur histoire, leur histoire de vies et de circulations.

The Hideout, 25 avril. Des poissons nagent dans le ciel, des étoiles se baignent dans l’eau, et The Bridge 2.4 fait comme eux et comme elles – malgré le missile d’un surpuissant larsen – en musique c’est possible, dans la leur.

University of Chicago, 21 avril. Isaiah Collier, Fanny Lasfargues, Jozef Dumoulin et Damon Locks interviennent dans la classe de Steve Rings: “Music Theory in/and the Black Radical Tradition”.

School of the Art Institute, 22 avril. Fanny Lasfargues et Macie Stewart d’abord, Jozef Dumoulin et Damon Locks ensuite, interviennent dans les cours de Will Faber.

Experimental Sound Studio, 26 & 27 avril. The Bridge #2.4 plongent dans les archives et dans la philosophie intersidérale de Sun Ra, et enregistrent de quoi retourner les têtes, plonger dans l’expectative, perdre le contrôle.

Elastic – Pleiades Series, 26 avril. Dans différents ordres, ou différentes configurations, Morgane Carnet, Fanny Lasfargues, Emilie Lesbros et Macie Stewart, avec la saxophoniste Sarah Clausen, tentent de décliner différentes approches de l’improvisation libre. Puis ouvrent le ban à toutes les musiciennes dans la salle.

The Promontory, 27 avril. Après l’orage Weasel Walter en solo surchargé de batterie, The Bridge  #2.4 saupoudre ses sortilèges, de plus en plus méthodiquement, dans la pénombre déserte de la salle.

Comfort Station – Homeroom, 28 avril. Fanny Lasfargues et Damon Locks se sont détachés du Bridge #2.4 pour prospérer et marteler ensemble, et accueillir l’artiste Elsa Noyons qui trace à sa manière une carte de leur pérégrinations. L’espace de la page se remplit au fur et à mesure que se déroule l’improvisation dans le temps.

ProMusica, 28 avril. L’occasion était trop belle. Jozef Dumoulin a retrouvé Nick Mazzarella, Anton Hatwich et Jeremy Cunnigham, rencontrés la semaine précédente, pour enregistrer inopinément en quartet. Des choses désarmantes d’intelligence et de sensibilité.

North Street Cabaret, 30 avril (on s’attend à voir surgir des nains et des géants). Du côté de Madison, toujours grâce aux amis et alliés de BlueStem Jazz, The Bridge #2.4 tire sa révérence sans Macie Stewart, mais avec Jozef Dumoulin, Morgane Carnet, Damon Locks et Fanny Lasfargues pour un concert de plus en plus envoûtant, réellement envoûtant, et qui finit, comme si ce n’était pas suffisant, dans l’extase.

BBF Building Brighter Futures Center for the Arts, 29 avril. Fanny Lasfargues et The Bridge 2.4 jouent pour les enfants et les adolescents du centre, et répondent à leurs questions, à leur curiosité.

Chicago West Community Music Center, 30 avril. Morgane Carnet et Gilles Coronado interviennent dans la classe de Howard Sandifer, avec l’orchestre du CWCMC.

Les carnets de Morgane Carnet à Chicago : 12345678910

Le réseau transatlantique des musiques improvisées met les bouchées doubles pour rattraper les retards accumulés du fait de la pandémie. Article de Alain Drouot sur Citizen Jazz