Greg Ward — saxophone alto
Nicolas Péoc’h — saxophone alto
Hélène Labarrière — contrebasse
Isaiah Spencer — batterie
Les musiciens improvisateurs se rencontrent dans le monde, dans la vie réelle, pour être réellement ensemble – êtres humains sur Terre – ressentir et propager les vibrations, plonger dans le même flux cosmique, puis le renvoyer vers l’univers. Au bas mot. Hélène Labarrière se souvient de ça, ça devait se passer au Café de l’Univers : « J’avais 15 ans quand j’ai découvert le jazz. Ce n’était pas en écoutant un disque, ni en allant à un concert dans une belle salle, non, c’était dans un tout petit restaurant dans le centre de Paris. Là, j’ai vu et entendu de jeunes musiciens jouer toute la nuit. Ils étaient une dizaine, entassés autour d’un piano droit, d’une contrebasse et d’une batterie, et du soir au matin ils ont joué. Certains se connaissaient déjà, d’autres non. Cette soirée a été révélatrice pour l’adolescente que j’étais alors et, depuis ce jour, le désir de nouvelles rencontres pour vivre des aventures inconnues ne m’a jamais quitté. Dans un monde où l’humain disparait chaque jour un peu plus au nom du profit, où la liberté nous est retirée au nom de la sécurité guerrière ou sanitaire, jouer, rire et chanter m’apparaît plus que jamais nécessaire. »
On ne le répètera jamais assez, donc on le répètera encore : la musique dite créative crée la singularité en recréant l’espace-temps. En rassemblant des corps approximatifs, dans un même endroit et un même envers du décor, au même moment et du passé au futur, de l’avéré à l’avenir, et retour. En provenance de Chicago : Greg Ward, l’un des saxophonistes les plus agiles et les plus zébrés de sa génération, lointain descendant de Johnny Hodges et proche partenaire de Mike Reed, digne disciple de Von Freeman ou de Fred Anderson, c’est-à-dire unique en son genre (free funk swing ou autre), que rien n’effraie donc, dans un éclair ou un panache de fumée ; Isaiah Spencer a également fait ses preuves sur la scène ou le belvédère de Chicago, depuis son apprentissage avec Ernest Khabeer Dawkins : son jeu de batterie (hypersensible) est évidemment propulsif, est naturellement ardent, il feint une certaine nervosité pour adhérer à tout ce qui se passe autour et plus encore. En provenance de France et de Bretagne : la contrebassiste Hélène Labarrière navigue et chavire librement par-dessus l’équateur, les tropiques et même les méridiens, grâce au sous- marin du jazz le plus affranchi (insoumis), mais aussi sur les bateaux à voile de la musique dite traditionnelle ou les bateaux à vapeur de la musique dite contemporaine ; Nicolas Peoc’h fréquente le même casino, la même table de roulette entre esthétiques qui sont autant de numéros pour sa bille ou son saxophone, avec en vérité le même amour pour le jeu, pour jouer : il manœuvre et il file, cette fois grâce au mercure du jazz, du garage aux musiques latino-américaines à celles d’Afrique de l’Ouest.
Nul ne peut prédire l’issue de leur histoire, sauf qu’elle a commencé comme une histoire et qu’elle finira en histoire. Au moinscelle-ci, pour commencer, pour jouer: des musiciens improvisateurs se rencontrent – êtres humains sur Terre – pour faire fondre les arrière-plans. Pour tamiser « l’ici et maintenant » à la recherche d’éphémères ou d’éternelles pépites d’or. 22 noir impair et manque.
12 & 13 novembre, DePaul University. Deux jours durant nous hantâmes les lieux, avec Hélène Labarrière arrivée en avance, à l’occasion de la semaine à Chicago du Popular Music Study Group, lui-même une émanation de l’American Musicological Society. LN fit d’abord une masterclass dans le cadre du “jazz program”, mais pas seulement, sous l’œil-à-tout et la supervision de Dana Hall. Où l’on parla de Montreuil et du Mali et de tant de machinations pour arriver à faire de cette planète non seulement un monde habité mais un monde habitable. Pour les nouveaux “Transatlantic Amazon Gods and Goddesses” que nous sommes toutes et tous ? Est-ce cela que le philosophe Frédéric Neyrat appelle « la condition planétaire » ? Le soir venu, le moment venu, Hélène et Dana joignirent le geste à la parole, au Holtschneider Performance Center, après deux orchestres d’étudiants (le DePaul Jazz Ensemble, et le DePaul Ensemble 20+ qui interpréta, librement forcément, des pièces ou des dispositifs conçus par George Lewis et par Katinka Kleijn). Contrebasse et batterie, mise en rotation et axe de rotation, multiplication des axes de rotation, multi-directionnalité. Pour finir le lendemain, on participa au symposium, “Chicago Music: Histories, People, and Scenes”, où ce fut un plaisir d’entendre ce que Andrew Hill (« Chicago was category-less, so people would come out to hear the music, so it was just an organic situation… »), Fred Anderson ou The Experimental Band ont encore à nous apprendre sur la marche à suivre. Ou Mahalia Jackson : « Monday morning, soon one morning, I’m going to lay down my cross, get me a crown… Soon as my feet strike Zion… ».
14 novembre, Magnífico Coffee Roasters. On dit que le démon de midi finit de se consumer dans une brûlerie, pour répandre ses largesses, celle-là dont ils disent : « Magnífico Coffee Roasters is a celebration of connection, cultura, and community in every roast and in every sip ». Ainsi fut-il, devant une délégation d’instrumentistes à cordes comme la ville de Chicago sait en envoyer. Devant Joshua Abrams, Nick Macri, Jason Roebke, Steve Marquette et d’autres, donc, Hélène Labarrière en solo célébra les connexions, dérivant jusqu’à, dérivant à partir d’Avec le temps de Léo Ferré, Turnaround d’Ornette Coleman, mais encore Le roi a fait battre tambour… Certains parlent fort et s’en vont, d’autres, un terrassier par exemple, débrayent du chantier de l’autre côté de la rue pour franchir la porte et venir écouter. Écouter quoi ? La vie qui va.
16 novembre, Audio for the Arts, Madison. Voilà longtemps qu’ils attendaient ça, alors à peine se sont-ils rencontrés qu’ils jouent, Greg Ward, Nicolas Peoc’h, Hélène Labarrière et Isaiah Spencer, alias pour l’instant The Bridge 2#11. Au complet pour la bande à Bluestem Jazz. Et d’emblée ils jouent jongleurs, acrobates, cracheurs de feu et montreurs d’ours, ils jouent dans tous les sens, en hauteur, en profondeur, dans le flou, dans la lumière, l’un après l’autre et tous ensemble ou deux par deux, s’interceptant, se suspendant, sur leurs fils d’équilibristes. Voilà qui est de bon augure.
17 novembre, Woodland Pattern Book Center, Milwaukee. La série de concerts créée par Hal Rammel il y a 29 ans dans la dernière des trois salles en enfilade de cette librairie de Babel pour la poésie, cette série n’a jamais aussi bien porté son nom que ce soir : Alternating Currents. L’équation est la suivante : GW +/- NP +/- LN +/- IS = l’idéal trousseau de clefs, pour toutes les mutations et les permutations, la circulation de forces et d’énergies, l’équivalent en musique de cette porte à la fois ouverte et fermée que conçut Marcel Duchamp. Ou de cet être multidirectionnel réfugié dans la bande dessinée qu’est Aero.
Et il y a toutes les rencontres en marge de. Pleine marge. Plein cœur. Pour Nicolas Peoc’h et Hélène Labarrière avec les élèves du COA Youth and Family Center à Milwaukee, répondant à des signaux mélodico-rythmiques pour placer leurs animaux préférés dans le cours d’une improvisation peu à peu gagnée par les chansons à partager. Lierre musical. Ou pour Hélène Labarrière et Isaiah Spencer avec les étudiantes et les étudiants de la classe de Will Faber à la School of the Art Institute à Chicago, sommés par le batteur de raconter comment ils vivent la ville, comment ils assument leur art qui doit aussi être un art de vivre. Et à quel point faut-il être vulnérable, à quel point faut-il être disponible ? S’ensuit subitement une improvisation des deux avec le monde environnant : le sol, le plafond, les murs, les chaises, les tables, les montants des meubles et des écrans, les objets, même une contrebasse. Le pouvoir de l’imagination.
18 novembre, The Promontory. En ouverture, James Wesley Jackson, le comédien qui accompagna P-Funk dans les années 1970 en digne héritier de Jess B. Simple, le héros et le contre-héros de Langston Hugues, sème sa sapience, quand il n’est pas hilarant : « Nous ne sommes pas des êtres humains à la recherche de leur spiritualité ; nous sommes des êtres spirituels à la recherche de leur humanité… ». Amen ou Hey man. En ouverture aussi, mais ensuite, The Bridge #2.11 sans Greg Ward mais avec Kevin King au saxophone ténor, à la clarinette basse et au hautbois, se propose la chose suivante : freiner et réfréner tous les processus en cours et considérer attentivement comment même un seul moment d’inspiration peut se mettre en place.
19 novembre, The Whistler. Des années qu’on fréquente ce haut lieu des conspirations musicales, où des associations de bienfaiteurs se montent le temps d’un soir, tourbillonnent, se volatilisent, un cocktail à la main. Nom de code : Relax Attack Jazz Series. Deux sets ce soir, deux tempêtes réglées différemment. Présents aux deux, derrière et devant, dedans et dehors, et tout autour comme des génies sortis de leur lampe : Allen Moore (électronique, platines), Sharon Udoh (claviers), Anton Hatwich (contrebasse) et Naydja Burton (batterie). Avec, dans un premier temps, un typhon d’instruments à vent comme les quatre éléments : le feu avec Xris Copal (saxophone ténor, flûte), l’air avec Nicolas Péoc’h (saxophone alto), l’eau avec Jean-Luc Cappozzo (trompette, bugle, flûte en roseau), la terre avec Corey Wilkes (trompette, percussions). Dans un second temps, plutôt comme une hydre à quatre têtes battant l’air, avec Péoc’h et Sarah Clausen (saxophones alto), Hunter Diamond et Dustin Laurenzi (saxophones ténor).
20 & 21 novembre, California Clipper. Nicolas Péoc’h, Hélène Labarrière et Isaiah Spencer, en l’absence de Greg Ward, reçoivent trois visiteurs : de Chicago, Fred Jackson Jr. au saxophone alto et aux percussions ; tout droit venu de Luzillé, Jean-Luc Cappozzo à la trompette, au bugle et à la flûte de berger (qui prendra même un solo d’air, comme si l’air lui-même était un instrument de musique) ; du monde entier : le sable et le ciel de l’inspiration, les carrefours et les royaumes à demi cachés, l’explosion de joie du blues, des rituels et le retour au calme. Alto Madness, séquelle de la folie de l’alto. Le lendemain, pour la seconde soirée dans le bar aux appliques lumineuses écarlates, The Bridge #2.11 est de nouveau au complet, avec Greg Ward. Tout est dans la mesure, dans les mesures, et dans la dépense. Oscillations, décalages et quelques frasques. L’équerre et le compas des deux saxophones alto, l’ancre et l’arche de la contrebasse et de la batterie.
21 novembre, Stony Island Arts Bank. Quelques enchantements. Sous le regard des statues africaines et du mobilier américain qu’accola la culture africaine américaine, et telle que l’exalta John H. Johnson, le fondateur de la revue Ebony dont c’est la collection, Nicolas Péoc’h et Greg Ward interrogent la résonance des soleils et des silences. Pour les histoires orales que collecte Rebuild Foundation, ils sont ensuite interviewés en public par la pianiste Sharon Udoh, qui est l’enthousiasme incarnée, sur trois sujets : l’espace, le temps, les individus.
22 novembre, Logan Center for the Arts. Après une journée sur place, une journée de rencontres et de conciliabules autour de The Bridge et d’autres lianes entre Chicago et la France, malgré cette époque plutôt portée à couper ou à fermer tout ce qui bouge et qui dépasse, LN ouvre encore le compas de la musique, tous les angles. Beaucoup seront ouverts les uns après les autres, en cercle pourtant, dans l’heure qui suit. De l’un à l’autre, de l’un à tous, qui sont des équilibristes, qui sont des météores. Un homme dans la salle s’écrie de plaisir : « THAT… is naaaaasty ! ».
Et il y a toutes les rencontres en marge de. Pleine marge. Plein cœur. Pour Nicolas Péoc’h seul en pleine mathématique musicale libératrice avec les lycéens et les lycéennes de ChiArts (Chicago High School for the Arts). Pour Hélène Labarrière seule partant en reconnaissance ou à la reconnaissance de tout ce qui passe par la tête des élèves d’une classe de français à la Curie Metropolitan High School. Et puis sous tous les angles et sous la neige pour Labarrière et Isaiah Spencer avec les étudiantes et les étudiants du département de musique de l’Université de Chicago ; au carré en se démultipliant pour Labarrière, Péoc’h et Greg Ward avec les étudiants et les étudiantes du département Jazz & Contemporary Music Studies de la Roosevelt University. Ou plus merveilleusement encore pour Péoc’h, Labarrière et Spencer, à City Elementary Chicago, où un enfant de l’un des trois groupes qu’ils passent en revue déclare avec évidence que, l’improvisation, c’est ne pas savoir ce que l’on fait, tout en sachant ce que l’on fait. Dont acte.
23 novembre, Constellation. Ils font brefs en ouverture, ils font dans la quintessence : le trio de Nick Mazzarella (saxophone alto), Clark Sommers (contrebasse) et Dana Hall (batterie), avec leur invité spécial Jean-Luc Cappozzo (trompette, bugle, flûte harmonique), nous ferait presque croire, merveilleusement, que le squelette de la musique et que la chair de la musique peuvent vivre parfois deux existences distinctes et coïncidentes. En retour, pour retourner le compliment en seconde partie, Nicolas Péoc’h, Greg Ward, Hélène Labarrière et Isaiah Spencer, connus pour l’instant sous le nom d’emprunt The Bridge #2.11, sont en pleine ré-imagination de leurs sources et de leurs ressources, naviguant à vue, se laissant submerger, seulement maître de leurs moyens.
24 novembre, ProMusica Audio. Sur les tapis volants du lieu et de son génie, sous le regard d’Ornette Coleman, de quelques philosophes du dimanche et de quelques rejetons étonnamment calmes, de King Crimson, de Jason et des Argonautes et de quelques spectres de passage, Péoc’h, Ward, Labarrière et Spencer se sont livrés à l’art du pliage avec la quadrature du cercle. Au centre, dans le cratère de la musique, il y avait une work song, les braises du blues, délectables et déchirantes. Plus tard, il y eut Dave Rempis (saxophones), Jim Baker (piano, ARP synth), Joshua Abrams (contrebasse) et Michael Zerang (batterie, percussions) rassemblés autour de Jean-Luc Cappozzo qui fêtait son anniversaire au Hungry Brain.
25 novembre, Elastic Arts. Un soir de sous-ensembles, de nouvelles assemblées, de nouveaux assemblages. Premier acte. Entre Cappozzo, Ernest Khabeer Dawkins (saxophones alto et soprano, miscellaneous instruments, percussions corporelles et objectives) et Kioto Aoki (tambours taiko), c’est solennel et c’est espiègle, il y a de la grâce, de la gravité et quelques déchaînements, chacun étant qui il est et écoutant les autres, les guettant. Deuxième acte. Chacun cette fois est plongé dans ses pensées et dans celles des autres : Hélène Labarrière avec Ishmael Ali et Katinka Kleijn (violoncelles). Tout est clair et tout est trouble, tout se mélange et se démêle et c’est tant mieux.
25 & 26 novembre. Experimental Sound Studio. Jour 1 / « archive day ». Impression de déjà vu : on vient fouiller dans les archives de Sun Ra et de Saturn Research que conserve précieusement ESS (et c’est peut-être normal, quand on sort d’Ethiopian Diamond, l’ancien Q.G. de Kelan Phil Cohran…). Les rires des musiciens présents se mêlent aux vociférations des musiciens absents (« I hate your reality ! »), présents quand même, ceux du Bridge #2.11 et ceux de l’Arkestra. Un protocole est trouvé à partir de deux saxophones en dialogue et en furie et de quelques nouages mélodico-rythmiques, avec une harangue d’Isaiah Spencer pour clôturer. Jour 2 / « recording day ». Cette pièce-là en sautoir ; une contribution à la frise que constitue désormais le long cadavre exquis musical entre tous les ensembles de The Bridge passant par la case ESS ; une séance d’enregistrement sous la forme décidée d’un set et de son rappel, qui donnera lieu à la découverte de nouvelles chambres secrètes dans la pyramide non-pyramidale que forme le quartette. Greg Ward s’exclame à la fin : « That’s a set, baby ! ». Mission accomplie.
27 novembre, Katalyst. C’est un disquaire d’un autre genre à Hegewisch, encore un autre quartier dans les profondeurs de la ville (il y en a un aussi comme ça, à Brest, Bad Seeds record shop, près de là où vivent Hélène Labarrière et Nicolas Péoc’h, il y a des repaires partout), pour une performance spéciale dans un magasin où plastronnent les posters de 50 ans d’activités de l’Art Ensemble of Chicago, et pour un adieu qui n’en est pas un, puisque The Bridge # 2.11 poursuivra son périple en France d’ici quelque temps et sous un autre nom (lequel reste à découvrir). L’art ensemble. Parce qu’après la volupté à la Duke Ellington, avant l’outrance à la Charles Tyler, le quartette et ses deux autres figures, locales, globales, fraternelles, Greg Ward et Isaiah Spencer, a fait ses adieux par anticipation au milieu du set, pour mieux pouvoir continuer de plus belle, résolument, et mettre le final entre des parenthèses de flammes.
Et il y eut d’autres rencontres encore, dans la maison magique de Gina Litherland et d’Hal Rammel au fin fond des bois du Wisconsin ; avec Jeff Kruse, notre guide sur les traces d’Edgar Miller (l’homme qui avait renoncé à être un artiste spécialisé pour se faire homme à tout faire et même de l’art) ; et puis dans les salles du trésor populaire rassemblé par John H. Johnson, le fondateur de la revue Ebony, dont la collection accole statuaire africaine et mobilier américain ou modern style (tout ça à la Stony Island Arts Bank, qui n’est donc plus du tout une banque mais une maison de quartier, comme ça devrait partout être le cas, où l’on a des chances d’apprendre que… « Black Autonomy alone is too Radical for the current America ») ; et puis avec Bernard Randall Mims et ses 683 œuvres d’art numérotées, dont un sceptre ou une croix éthiopienne de grand gabarit ; quand ce n’est pas du côté de Haymarket (pour les martyrs de la cause révolutionnaire que n’a pas encore filmés Ridley Scott) ou sur la tombe d’Emma Goldman au Forest Home Cemetery, garnie de bâtons de rouge à lèvres et de minuscules boules à facettes, de lunettes de vue et de soleil. Autour s’égaye un troupeau de daims. C’est déjà un peu le paradis sur Terre. N’oublions pas les paroles de l’anarchiste : « Liberty will not descend to a people, a people must raise themselves to liberty ».